such a lonely day

Lonely Day, Such a lonely day
And its mine, The most loneliest day of my life
Such a lonely day, Should be banned
It's a day that I can't stand
The most loneliest day of my life
Such a lonely day, Shouldn’t exist
It's a day that I'll never miss, Such a lonely day
And its mine, The most loneliest day of my life

C'était presque trop facile. Il suffisait d'une paire de lunettes et d'un foulard noué façon casual, et les gens vous oubliaient. Les cavalcades à travers la ville en perdaient un peu de saveur. Quelque fois, une petite fille me regardait de travers avant de crier dans les oreilles de son père qu'il y avait "la fille d'Harry Potter", mais j'étais loin avant qu'il ne lève la tête. Une simple balade prenait des allures de course poursuite, et devenait un jeu lorsque la solitude vous prenait. A plusieurs, nous signions quelques autographes avant de disparaître promptement dans la foule ou une salle privée d'un bar. Seule, je me sentais plus vulnérable, comme si je pouvais me faire encercler par tout un troupeau d'américains acharnés, mais ce n'était pas pour autant que je n'osais plus sortir. A force de paranoïa, on n'allait plus bien loin. De plus, j'aimais la solitude, cette puissante alliée contre bien des maux humains, et déambuler seule dans les rues bondées et ensoleillées de Los Angeles ne me gênait pas du tout, bien au contraire. Rares étaient les instants où mon emploi du temps se libérait miraculeusement, où une petite case blanche apparaissait dans le tourbillon de caractères noirs de mon agenda. Aujourd'hui, entre un cours le matin et une interview le soir, j'avais quelques heures devant moi, libre. Enfin. J'aurais pu les passer à dormir, vu le peu d'heures qu'il me restait au final pour roupiller, mais l'éclatant soleil qui régnait au dehors m'attirait de façon irrépressible, de même que les grondements sourds de mon estomac insatiable. Je n'avais pas eu le temps de manger ce matin, et le monstre qui vivait en mon ventre faisait savoir qu'il n'en pouvait plus. J'avais de la chance d'être mince naturellement, quoique cela m'importait assez peu. Le temps d'enfiler ce qu'il me fallait, j'étais déjà à l'extérieur, offrant mon visage aux rayons purificateurs. Évidemment, me préparer avait mis à peu près une heure, puisqu'il était obligatoire de faire attention à son image dans e milieu. La presse à scandale, comme Gossip Girl, pouvait vous descendre rien qu'avec une tenue que vous avez portée durant quelques heures. Avec soin donc, j'avais opté pour une jupe en cuir avec des poches couleur sable, étrange mais adorable, un t-shirt ample, gris et fin, un classique Burberry qui ne pouvait trahir, des tropéziennes marrons, un sac en cuir clair, large et doux, et enfin ces fameux lunettes et foulard en coton lové au bas de mon menton. Je n'étais pas vraiment invisible, mais ça ferait l'affaire. J'avançais donc vers nulle-part, tête levée vers l'astre solaire, offrant ma peau diaphane sans retenue, savourant la douce chaleur qui se répandait dans mes membres. Marcher sans idée précise, aller là où mes jambes me porteraient, sans objectif final, juste user la semelle de mes chaussures. c'était si agréable... Totalement libre. Je pouvais m'évader n'importe où, dans un parc, une autre ville, la maison d'un ami, loin des contraintes accumulées au fil des ans. j'avais besoin de ne me sentir reliée à rien, d'oublier que je portais des bouts de tissus hors de prix, partir seule sans revenir... Je ne pouvais pas, je n'en avais pas même envie, mais en cet instant de pur bonheur, je désirais plus que tout ôter mes chaines dorées. Quoi de plus logique ? tout le monde rêvait de cette vie, Kristen et moi étions les seules rares célébrités à nous plaindre, quoique je ne le fasse pas ouvertement. La subtilité était ma spécialité...

Mais j'avais beau être poète le temps d'un après-midi, mon estomac me rappelait toujours à l'ordre. Je mourrais de faim. Les restaurants ne manquaient pas dans le coin, fast-food, chinois, japonais... Mais j'avais envie d'originalité. Les couleurs chatoyantes d'un bar à tapas attirèrent mon œil t firent faire un bond à mon ventre; Des tapas ! Cela faisait une éternité que je n'en avais pas mangé ! Sans plus attende, je me dirigeais vers l'entrée, déboulant comme une furie qui n'avais rien avalé depuis plusieurs jours. Je n'avais rien mangé depuis hier soir. Charmant. Le gérant m'indiqua avec empressement un tabouret à l'écart, dans un coin où une jeune femme brune déjeunait déjà. J'espérais qu'elle n'allait pas m'aborder, j'avais juste envie de crier à tous ceux dont les yeux brillait dans la pièce de me laisser tranquille ! Mais évidemment, je n'en fit rien, et je me contentais de poser un regard curieux sur le dos de la brune. Je connaissais cette silhouette mate et cambrée... Elle se retourna et je poussais un soupir, il ne manquait plus que cette chère Vanessa pour parfaire la journée. J'avalais un tapas étrange, qui semblait être aux gambas, et je tachait de l'ignorer tant bien que mal. Dieu seul savait à quel point je haïssais cette peste, que j'avais un jour pourtant aimée comme une sœur. Elle faisait tellement de mal autour d'elle, elle était vraiment ignoble. J'en arrivais à me demander comment j'avais pu avoir une telle confiance aveugle en elle, alors que sa malveillance sautait aux yeux. Elle tourna la tête, et je su à l'instant que faire. Je n'allais pas me laisser faire, ce n'est pas parce que Kristen et Taylor n'étaient pas avec moi que je devais baisser la tête et rentrer les épaules. Non, j'allais lui rendre la monnaie de sa pièce, lui montrer les fruits des "leçons" de mes indéfectibles amies. Qu'elle commence, je l'attendais.

J'en avais assez. Assez de toujours sentir la haine monter en voyant Vanessa, assez d'être devenue un monstre par sa simple présence. Ignoble, elle était, mais que pouvais-je bien y faire ? Je ne devais pas culpabiliser, c'était sa jalousie qui avait tout saccagé. Cette fille était malsaine depuis le début, mais se répéter que nous étions comme deux sœurs, séparées par un océan, n'arrangeait rien. N'y avait-il eu vraiment que le tournage d'Harry Potter ? Rien d'autre ? Une si belle amitié n'avait pût se briser avec si peu... Et nous étions là, à se regarder en chien de faïence, en tentant de gagner une joute verbale ridicule. Il y avait forcément eu autre chose, mais quoi ? Finalement, elle s'en était plutôt bien sortie après, avec cette stupidité d'High School Musical, alors pourquoi entretenait-elle le foyer de notre animosité ? Il n'y avait aucunes raisons apparentes, nous aurions très bien pût être d'excellentes amies. Mais inutile de lui demander, sa réaction ne serait pas des plus agréables. Mes pensées furent confirmées en la voyant lever les yeux aux ciel, il ne manquait plus que ses fameuses paroles appropriées. Qui ne tardèrent pas... Toujours aussi pourrie jusqu'à la moelle, malgré son joli minois. Je n'avais plus tellement envie de lui répondre, ses paroles ne me touchaient plus comme auparavant. Fallait-il vraiment être toujours ennemies ? Non pas que j'avais envie de l'aimer, mais... J'étais tout simplement lasse d'angoisser, de sentir mon cœur battre la chamade de la haine et de la peur à chaque fois qu'on se croisait. 

D'un autre côté, mûres réflexions n'arrangeraient pas notre principal problème : celui de se vouer en permanence une haine infinie. Les multiples questions existentielles que je pouvais me poser étaient de la même utilité, nous étions un cas indécrottable. En attendant, je ne pouvais rester de marbre face à ses propos insultants, je me devais de faire de même, même si m'abaisser à cela m'attristait. Elle était vraiment douée...

« Crois moi Vanessa, je ne reste pas dans ton sillage nauséabond de mon plein gré. »

Mes paroles ne feraient pas mouche, rien ne touchait Vanessa, ou presque. Même si on pouvait sentir la mesquinerie suinter de mes propos, elle trouverait quelque chose de bien pire. Et j'en avait plus qu'assez du même petit jeu dans lequel je finissais invariablement par être la souris. Sans Kristen, je redevenais la fille adorable et prévenante que j'avais toujours été, et cela ne m'aidait pas à faire sortir le venin. Nessa pouvait-elle comprendre que nous n'allions tout de même pas passer nos vies à se haïr sans en montrer la vraie couleur ? La majorité presque passée, il était temps de s'en rendre compte. Et même si ma colère mijotait encore à gros bouillons, je voulais savoir enfin quelles étaient exactement les causes de sa propre haine envers moi. Les miennes étaient simples, mais confuses. Elle était sadique, horrible, avec moi comme avec d'autres, mais cela n'était pas une raison suffisante pour la haïr autant. Il était plus que temps de mettre les cartes sur la table...

Je commandais un panaché au serveur, celui qui avait hélas l'habitude de notre présence dans son bar. D'ordinaire, je ne buvais pas d'alcool en pleine journée et sans bonne raison, mais bon, une bière, c'était léger, et j'avais besoin de ne plus trop réfléchir pour affronter Vanessa. Son regard noir, ourlé de ses longs cils bruns, avait le don de me rendre nerveuse, mais je savais plutôt bien le cacher. Ces grands yeux sombres, semblables à deux camées, qui me fixaient dédaigneusement en attendant la suite. Elle allait être servie, et surprise par un tel revirement. J'inspirais à fond, même si ça ne résolvait rien, contrairement à ce qu'affirmaient les héros de roman. Les problèmes étaient toujours là, et prendre une profonde inspiration ne donnait aucun courage. Ou presque...

« Vanessa... Comment en sommes-nous arrivées jusque-là ? Il n'y a pas que ta jalousie n'est-ce pas, pour se haïr autant ? »

Mon ton était détaché, mais je parlais doucement, comme pour ne pas me faire entendre des quelques personnes présentes dans le bar. En vérité, sa réponse comptait beaucoup plus que je ne voulais bien le laisser paraitre. N'avions-nous pas été d'excellentes amies ?